Expressions, Proverbes,
Être quelqu’un tout craché
https://www.france-pittoresque.com/
Ressembler trait pour trait à quelqu’un
Pour exprimer qu’un fils ressemble parfaitement à son père, on dit familièrement : c’est son père tout craché. Dans cette expression, le mot tout a le sens de : absolument comme s’il était ; c’est son père tout craché, absolument comme s’il était craché. Quant à craché, que veut-il dire ?
Dans l’origine, on a cru qu’en disant d’un fils qui ressemblait à son père, c’est son père tout craché, on exprimait cette pensée : le fils et le père se ressemblent comme deux crachats, et la preuve de cette assertion se trouve dans le passage suivant de la Farce de l’avocat Pathelin, oeuvre de la fin du XVe siècle :
Sans faulte je ne puis penser
Comment nature en ses ouvraiges
Forma deux si pareilz visaiges,
Et l’ung comme l’aultre taché ?
Car quoi ? Qui vous auroit craché
Tous deux encontre la paroy,
D’une manière et d’ung arroy
Si series-vous sans différence.
Celte opinion a inspiré l’auteur du Glossaire des Noëls bourguignons, qui dit :
« Cracher, crachez. Au figuré, tô craiché, tout craché, est une façon de parler proverbiale, dont on se sert pour comparer une chose avec une autre. On ne s’est pas contenté de dire que deux œufs, deux mouches, deux gouttes d’eau ne sont pas plus semblables, on a burlesquement ajouté qu’un crachat ne ressemble pas mieux à un autre crachat qu’un tel homme à un tel homme. »
Chromolithographie publicitaire de 1880
Chromolithographie publicitaire de 1880
Elle a été partagée par Fleming, qui dit, dans son Grand Dictionnaire français-anglais et anglais-français (1845) : « C’est son père tout craché. He is the very spit of his father ; he is as like his father as if he had been spit out of his mouth (il est le crachat même de son père ; il ressemble autant à son père que s’il eût été craché de sa bouche).
Il n’est pas jusqu’aux auteurs du Nouvel Alberti : dictionnaire encyclopédique français-italien, compilé sur la trace des meilleures lexicographies et contenant un abrégé de grammaire française a l’usage des italiens, etc. (1855) qui n’aient accueilli la même origine, car on y lit ces mots : « Figur. et famil. : Egli è suo padre, pretto e sputato (c’est son père pur et craché). Parere tutto sputato di una cosa (être ou paraître une chose toute crachée). »
Mais, quoique généralement adoptée, cette étymologie ne semble pas acceptable, pour les raisons suivantes :
1° De ce que la ressemblance de deux personnes serait comparée à celle de deux crachats, il n’en résulterait nullement qu’on pût dire que l’une d’elles a été crachée par l’autre, ou, en d’autres termes, que l’une d’elles est l’autre toute crachée ; d’où nous concluons que ce n’est pas cette comparaison, d’ailleurs assez malpropre, qui a donné lieu à l’expression qu’il s’agit d’expliquer.
2° Si tout craché venait réellement d’une pareille comparaison, cette idée aurait dû, semble-t-il, être toujours exprimée, en français par cracher, et, dans les patois ainsi que dans les langues étrangères, par le verbe ayant cette signification, verbe qui existe dans tous les idiomes. Mais, au lieu de cela, nous remarquons :
Premièrement, qu’en français, on trouve tout craché exprimé par tout poché, du verbe pocher, au sens de dessiner, ce que prouve la Farce de Pathelin, où tout poché est employé quelques lignes plus haut que tout craché : « Quel menton fourché ! / Vraiment, cestes-vous tout poché. »
Deuxièmement, qu’en allemand, c’est son père tout craché se dit : Er ist seinem vater aus dem gesichte geschnitten, ce qui signifie, littéralement traduit : il est taillé sur son père quant au visage.
Troisièmement, que dans le patois picard (à Abbeville), on exprime tout craché par tout retoiré, adjectif qui marque la similitude dans la physionomie de deux personnes : « Ch’est sin père tout retoiré. »
Maintenant, d’où vient donc tout craché, si les explications qu’on en a données jusqu’ici ne résistent pas mieux aux objections qu’on leur adresse ? Sentant que l’étymologie de cette locution ne peut être cracher (rejeter hors de la bouche), Léon Trippault a eu l’idée, dans son Celt-hellénisme ou Étymologie des mots français tirés du grec (1580) de la tirer d’un mot grec dont Ménage, au moyen de la série latine graphicus, graphicatus, gracatus a prétendu faire sortir craché.
Mais, attendu qu’il est impossible de montrer comment craché descend de gracatus, voici une dernière explication étymologique : craché est ici un mot formé absolument comme croqué. Le dernier a été fait, par corruption, de croyer, dérivé de croye, le nom de la craie au XVe siècle ; et le premier l’a été de crayer, dérivé de craie, verbe qui a dû précéder crayonner, lequel s’est employé et s’emploie encore dans le sens de dessiner, représenter, peindre.
Être quelqu’un tout craché
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Pour exprimer qu’un fils ressemble parfaitement à son père, on dit familièrement : c’est son père tout craché. Dans cette expression, le mot tout a le sens de : absolument comme s’il était ; c’est son père tout craché, absolument comme s’il était craché. Quant à craché, que veut-il dire ?
Dans l’origine, on a cru qu’en disant d’un fils qui ressemblait à son père, c’est son père tout craché, on exprimait cette pensée : le fils et le père se ressemblent comme deux crachats, et la preuve de cette assertion se trouve dans le passage suivant de la Farce de l’avocat Pathelin, oeuvre de la fin du XVe siècle :
Sans faulte je ne puis penser
Comment nature en ses ouvraiges
Forma deux si pareilz visaiges,
Et l’ung comme l’aultre taché ?
Car quoi ? Qui vous auroit craché
Tous deux encontre la paroy,
D’une manière et d’ung arroy
Si series-vous sans différence.
Celte opinion a inspiré l’auteur du Glossaire des Noëls bourguignons, qui dit :
« Cracher, crachez. Au figuré, tô craiché, tout craché, est une façon de parler proverbiale, dont on se sert pour comparer une chose avec une autre. On ne s’est pas contenté de dire que deux œufs, deux mouches, deux gouttes d’eau ne sont pas plus semblables, on a burlesquement ajouté qu’un crachat ne ressemble pas mieux à un autre crachat qu’un tel homme à un tel homme. »
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Elle a été partagée par Fleming, qui dit, dans son Grand Dictionnaire français-anglais et anglais-français (1845) : « C’est son père tout craché. He is the very spit of his father ; he is as like his father as if he had been spit out of his mouth (il est le crachat même de son père ; il ressemble autant à son père que s’il eût été craché de sa bouche).
Il n’est pas jusqu’aux auteurs du Nouvel Alberti : dictionnaire encyclopédique français-italien, compilé sur la trace des meilleures lexicographies et contenant un abrégé de grammaire française a l’usage des italiens, etc. (1855) qui n’aient accueilli la même origine, car on y lit ces mots : « Figur. et famil. : Egli è suo padre, pretto e sputato (c’est son père pur et craché). Parere tutto sputato di una cosa (être ou paraître une chose toute crachée). »
Mais, quoique généralement adoptée, cette étymologie ne semble pas acceptable, pour les raisons suivantes :
1° De ce que la ressemblance de deux personnes serait comparée à celle de deux crachats, il n’en résulterait nullement qu’on pût dire que l’une d’elles a été crachée par l’autre, ou, en d’autres termes, que l’une d’elles est l’autre toute crachée ; d’où nous concluons que ce n’est pas cette comparaison, d’ailleurs assez malpropre, qui a donné lieu à l’expression qu’il s’agit d’expliquer.
2° Si tout craché venait réellement d’une pareille comparaison, cette idée aurait dû, semble-t-il, être toujours exprimée, en français par cracher, et, dans les patois ainsi que dans les langues étrangères, par le verbe ayant cette signification, verbe qui existe dans tous les idiomes. Mais, au lieu de cela, nous remarquons :
Premièrement, qu’en français, on trouve tout craché exprimé par tout poché, du verbe pocher, au sens de dessiner, ce que prouve la Farce de Pathelin, où tout poché est employé quelques lignes plus haut que tout craché : « Quel menton fourché ! / Vraiment, cestes-vous tout poché. »
Deuxièmement, qu’en allemand, c’est son père tout craché se dit : Er ist seinem vater aus dem gesichte geschnitten, ce qui signifie, littéralement traduit : il est taillé sur son père quant au visage.
Troisièmement, que dans le patois picard (à Abbeville), on exprime tout craché par tout retoiré, adjectif qui marque la similitude dans la physionomie de deux personnes : « Ch’est sin père tout retoiré. »
Maintenant, d’où vient donc tout craché, si les explications qu’on en a données jusqu’ici ne résistent pas mieux aux objections qu’on leur adresse ? Sentant que l’étymologie de cette locution ne peut être cracher (rejeter hors de la bouche), Léon Trippault a eu l’idée, dans son Celt-hellénisme ou Étymologie des mots français tirés du grec (1580) de la tirer d’un mot grec dont Ménage, au moyen de la série latine graphicus, graphicatus, gracatus a prétendu faire sortir craché.
Mais, attendu qu’il est impossible de montrer comment craché descend de gracatus, voici une dernière explication étymologique : craché est ici un mot formé absolument comme croqué. Le dernier a été fait, par corruption, de croyer, dérivé de croye, le nom de la craie au XVe siècle ; et le premier l’a été de crayer, dérivé de craie, verbe qui a dû précéder crayonner, lequel s’est employé et s’emploie encore dans le sens de dessiner, représenter, peindre.
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